Les Réseaux Sociaux d’Entreprise à travers trois ouvrages récents (2/3)
L’année dernière, sont parus trois livres sur les réseaux sociaux et leur mise en œuvre :- Les réseaux sociaux numériques d’entreprise par Ziryeb MAROUF chez L’Harmattan ;
- Les réseaux sociaux d’entreprise par Anthony PONCIER chez Diateino ;
- Le réseau social d’entreprise par Alain GARNIER et Guy HERVIER chez Hermes Lavoisier.
L’objectif de ces trois billets successifs est de présenter et de faire une analyse de ces trois ouvrages.
Les réseaux sociaux d’entreprise par Anthony PONCIER
Ce livre réalisé par Anthony PONCIER, directeur et consultant en management et Entreprise 2.0 chez LECKO ainsi que blogueur et conférencier sur ce thème, fait deux cents cinquante pages. Il est découpé en cent et une questions regroupées en neuf parties.
C’est un ouvrage à valeur ajoutée pour la mise en œuvre d’un RSE même si ses différentes parties sont inégales dans la qualité et le caractère opérationnel de leur contenu.
Les premières parties qui présentent le discours classique du « 2.0 » ne positionnent pas les RSE par rapport aux pratiques antérieures du travail collaboratif dans les organisations. De ce fait l’apport de la mise en place d’un RSE dans une organisation n’apparait pas clairement.
Les parties suivantes sont plus opérationnelles, donc plus intéressantes pour les praticiens et fournissent une matière conséquente. Elles contiennent néanmoins certains éléments parfois redondants et certains autres mal positionnés comme cela est indiqué ci-dessous. Ce qui ne facilite certainement l’appropriation par les lecteurs des sujets présentés.
Cette situation est due à la forme de l’ouvrage « 101 questions » qui ne rend pas aisée la mise en avant d’une vision d’ensemble du sujet. C’est sans doute dû aussi à l’absence de volonté de l’auteur du livre de construire son exposé des questions par rapport à la démarche de choix et de mise en place d’un RSE.
Une présentation et une analyse détaillées du contenu de l’ouvrage sont réalisées ci après, partie par partie.
Le « 2.0 » et les réseaux sociaux d’entreprise
La première partie « En guise d’entrée en matière » est introductive, vise à positionner l’ouvrage et fixer la manière de l’exploiter à travers deux questions : « Pourquoi ce livre ? » et « Comment utiliser ce livre ? ».
La seconde partie « Maitriser les notions de base » présente de manière complète et précise les notions de base du Web 2.0, de l’Entreprise 2.0 et des RSE. Il faut retenir des réponses qu’elles sont dans l’air du temps de ces domaines.
La troisième partie « Nouveaux outils, nouveaux usages à connaitre » précise de manière attractive par delà la présentation des blogs et des wikis, certaines fonctionnalités des RSE et leur positionnement par rapport aux outils habituels des collaborateurs que sont le mail et l’Intranet.
De l’opportunité de lancer un projet RSE
La quatrième partie « Les questions à se poser avant de lancer un RSE » expose une liste de questions dont plusieurs peuvent potentiellement amener des réponses très intéressantes. Malheureusement ce n’est pas tout à fait le cas.
Il y a par exemple les deux premières questions qui sont très proches : « Pourquoi mettre en place un RSE aujourd’hui ? » et « Les raisons qui poussent les entreprises à mettre en place un RSE ».
Les principales réponses mises en avant par l’auteur sont :
- Posséder la bonne information au bon moment ;
- Avoir les outils correspondant aux besoins de la génération Y ;
- Capitaliser les connaissances des collaborateurs qui partent à la retraite ;
- Sortir des sentiers battus et innover ;
- Renforcer la cohésion sociale.
- Réduire la duplication des efforts et des doublons de contenus.
Depuis qu’est apparu le concept de système d’information, il est attendu de celui-ci qu’il fournisse les bonnes informations au bon moment. Ce n’est donc pas ce que peut amener spécifiquement un RSE…
Fournir des outils logiciels adaptés à la génération Y et, par exemple un RSE, ne peut être dans une organisation qui possède des collaborateurs de différents âges une raison suffisante. Il faut que ces outils apportent de la valeur ajoutée à l’organisation dans son ensemble par rapport à ses clients et ses différentes activités.
La capitalisation des connaissances des collaborateurs qui partent à la retraite est une démarche structurée avec notamment le recueil des connaissances, leur mise en forme, voire leur modélisation, et ensuite leur mise à disposition dans un format assimilable par les professionnels en ayant besoin. Tout cela est bien loin de la mise en œuvre d’un RSE…
Les deux points qui viennent à la suite dans la liste précédente sont généraux ne peuvent en aucune manière être portés au crédit exclusif de la mise en œuvre d’un RSE.
Concernant la réduction des doublons de contenus, il faut bien constater qu’à part les rares plateformes logicielles de RSE qui possèdent un module de gestion de contenu, il n’est certainement pas possible d’affirmer qu’un tel outil va réaliser cette opération. Certains affirmeraient même l’inverse.
Dans cette partie, trois autres questions sont aussi à remarquer : « Le ROI : est-ce la bonne question ? », « Quels sont les gains d’un RSE pour l’organisation ? » et « Quels sont les avantages pour les collaborateurs ? ».
La vision qui se dégage des réponses à ces trois questions est pour le moins originale. En effet, il semble que la valeur ajoutée apportée par la mise en place d’un RSE ne puisse être évaluée précisément d’une part et d’autre part que cette opération va régler d’un coup de baguette magique les problèmes qui se posent aux organisations depuis de nombreuses années. Ce qui manque notamment dans les réponses présentées c’est le lien concret au moins à travers des exemples entre la mise en place d’un RSE avec ses différentes fonctionnalités et le changement des modes de fonctionnement des organisations. La seule illustration concrète mise en avant est la boite à idées !
Définir un projet RSE et choisir une plateforme logicielle
La cinquième partie « Par où commencer ? Besoins et outils » rassemble assez bizarrement deux familles de questions relativement différentes. La première concerne le projet de mise en œuvre d’un RSE et la seconde les plateformes logicielles de RSE.
Concernant le projet de mise en œuvre d’un RSE, même si la démarche présentée est faiblement structurée et focalisée sur la solution logicielle à retenir, l’auteur fournit néanmoins différents éléments qui peuvent servir pour présenter le projet à la direction et en monter l’équipe.
S’agissant de l’analyse des plateformes logicielles de RSE qui est présentée dans les réponses aux questions, une analyse en sera faite dans un prochain billet du blog.
Eléments pour réussir la mise en place d’un RSE
La sixième partie « Impacts organisationnels et managériaux » apporte de nombreuses questions liées à la mise en œuvre d’un RSE. Il y a notamment :
- Des éléments sur la conduite du changement ;
- La place du management (top et proximité) ;
- Le positionnement des collaborateurs par rapport aux RSE ;
- La présentation des fonctions de community manager et de chief community officer ;
- Le positionnement du RSE par rapport au système d’information ;
- La gouvernance du RSE ;
- Les aspects juridiques et sociaux d’un RSE.
De fait la plupart des réponses apportées sont intéressantes même si au final la vision d’ensemble du sujet est difficile à percevoir.
La septième partie « Déployer son RSE » aborde elle aussi de nombreux sujets dont certains ont déjà été étudiés dans la partie précédente avec cependant un éclairage différent.
Parmi les questions complémentaires, il faut noter surtout celles sur les communautés et leur mise en œuvre. Les réponses fournies sont en règle générale de qualité même si elles sont parfois discutables. Par exemple, indiquer qu’il faut commencer par lancer le déploiement du RSE sur les communautés existantes, ce qui revient de fait à simplement les outiller, est discutable. Il est certainement préférable de commencer par les communautés à forts enjeux pour le management de manière à obtenir rapidement des succès pratiques et enclencher une dynamique positive même si cela est plus risqué.
Il faut remarquer qu’il n’est pas indiqué de manière précise en quoi consiste le lancement d’une communauté et la place que doit avoir en amont son cadrage. Pour mémoire, avec cette opération il s’agit principalement de fixer pour la communauté la définition de ses objectifs, périmètre, mode de fonctionnement, intervenants (sponsor, animateur, membres), ressources et plan d’action.
La huitième partie « Animer votre RSE » bien que positionnée à la fin de l’ouvrage est au cœur de la mise en œuvre d’un RSE. Ce qui est pour le moins étonnant. A nouveau cette partie n’est pas sans intersection avec la précédente même si les sujets sont abordés de manière plus pratique.
Il faut noter que l’on trouve des questions étonnantes dans cette partie de l’ouvrage comme par exemple : « De l’importance de la journée de lancement pour les community managers » qui explique notamment que « cette journée doit se tenir très en amont de l’ouverture du RSE » ou encore : « Une formation est-elle nécessaire comme pour un projet SI ? ». En fait ces questions devraient se positionner plus tôt dans le livre car relevant de l’amont d’un projet RSE.
La dernière partie « Aller plus loin » met en perspective les RSE et rassemble des témoignages de professionnels ayant mis en œuvre des RSE ; elle se positionne bien comme conclusion du livre.
Le prochain billet va présenter et analyser le livre « Le réseau social d’entreprise » réalisé par Alain GARNIER et Guy HERVIER.
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