« Le Knowledge Management – Quelles évolutions dans l’entreprise 2.0 ? » – Une question intéressante qui reste à explorer.
Documentaliste Sciences de l’Information, la revue de l’Association des professionnels de l’information et de la documentation (ADBS) publie dans son numéro de juin 2012 un dossier d’une quarantaine de pages sur « Le Knowledge Management – Quelles évolutions dans l’entreprise 2.0 ? ». Trois parties composent ce dossier :
- Introduction : le KM une préoccupation fort ancienne mais toujours d’actualité ;
- Le KM au cœur de la stratégie d’entreprise ;
- Pratiques et méthodes du KM
Ce dossier rassemble plus de vingt articles, des analyses ainsi que des réflexions comme des études de cas et a fait intervenir de nombreux contributeurs, des professionnels, des universitaires et des consultants. Cela en fait sa grande richesse.
Un tel dossier était nécessaire. Il pouvait même être de très grande valeur ajoutée en mettant en avant les apports du Knowledge management et de l’Entreprise 2.0 et en proposant une synthèse constructive pour les organisations en ce début des années 2010. Malheureusement le résultat n’est pas celui qu’on aurait attendu avec un tel titre. Ce dossier est plutôt un ensemble de cas concrets, très intéressants au demeurant, mais portant sur des dispositifs classiques du Knowledge Management qui ont été pour l’occasion requalifiés en « 2.0 ».
La naissance officielle du Knowledge Management se positionne au milieu des années 1990 et son apogée au début des 2000. De nombreux actions et travaux ont été réalisés en son nom durant cette période avec des résultats variés. Après cette période les organisations ont continué les mises en œuvre autour du Knowledge Management, notamment en termes de communautés de pratique, mais la communication sur le domaine s’est faite plus légère.
Une des raisons est certainement qu’est apparu dans la deuxième partie des années 2000 le concept d’Entreprise 2.0. Depuis là, les conférences, articles, livres mais aussi réalisations ont été nombreux sur le sujet. Les intervenants, chacun à leur manière, ont mis en avant la valeur ajoutée que pouvaient apporter les technologies du Web 2.0 dans les organisations et même de quelle manière elles allaient en faire évoluer leurs modes de fonctionnement et leur organisation.
Cependant la liaison entre les deux approches n’a jamais vraiment été faite. Les intervenants sur l’Entreprise 2.0 et en particulier ceux qui promeuvent les Réseaux Sociaux d’Entreprise n’ont pas pris en compte les réalisations du Knowledge Management y compris ceux qui avaient participé à sa promotion.
Une présentation et une analyse détaillée du contenu du dossier va être réalisée ci après, partie par partie.
Partie 1 : Introduction
Dans cette partie introductive, le coordinateur du dossier donne sa vision de l’histoire et des motifs qui ont amené la naissance et le développement du Knowledge Management.
Il fait remonter la naissance du KM aux années 80. En fait à cette époque le sujet d’actualité autour des connaissances était l’intelligence artificielle avec ses systèmes experts. Ils ont donné l’ingénierie des connaissances qui a eu son heure de gloire dans le courant des années 90 avec la réalisation de livre de connaissances puis de bases de connaissances et la pratique des retours d’expérience (REX).
Le Knowledge Management est né officiellement au milieu des années 90 avec le livre de Nonaka et Takeuchi qui mettait notamment en avant la place du partage des connaissances dans le processus de développement des produits nouveaux. D’un point de vue plus pratique, il s’est positionné à ces débuts comme une sorte de conceptualisation organisationnelle et mise en perspective des réalisations autour du groupware. Dans ce contexte, son concept phare a été celui de communauté de pratique et non comme l’indique le coordinateur du dossier celui de gestion documentaire.
Il existe des communautés de pratique dans les groupes internationaux anglo-saxons depuis la fin des années 90 et dans les groupes internationaux européens depuis le début des années 2000. Dans les communautés de pratique, il y a toujours une dynamique humaine mais celle-ci qui est basée sur le groupe et le mode présentiel est supportée par des espaces collaboratifs et documentaires. Ils ont pour vocation de permettre le partage des éléments documentaires produits ou mis à disposition par les membres de la communauté. C’est pourquoi il n’est pas juste d’indiquer que le Knowledge Management de cette époque était « document centric » et qu’il serait passé maintenant à une vision « people centric ».
Plus globalement la question posée est de savoir s’il faut conserver le concept de Knowledge Management qui remonte aux années 90 pour désigner les défis auxquels doivent faire les organisations en termes de gestion des connaissances, travail collaboratif et gestion des contenus dans un contexte où les individus sont de plus en plus mis en avant et la virtualisation des échanges va croissante.
La réponse du coordinateur du dossier est faire du Knowledge management un concept fourre-tout qui intègre les éléments liés à l’Entreprise 2.0 et les derniers sujets à la mode comme le Big Data.
Partie 2 : Le KM au cœur de la stratégie d’entreprise
Dans cette partie sont rassemblés douze contributions sur des thèmes aussi divers que :
- Le passage à « l’organisation 2.0 » ;
- La mémoire d’entreprise ;
- Les communautés de pratique ;
- L’université d’entreprise ;
- Les nouveaux médias pour supporter le transfert de connaissances ;
- Les métriques pour les projets KM ;
- Les freins et les contraintes au partage des savoir et savoir-faire ;
- Les aspects juridiques du KM.
De nombreux cas sont présentés comme ceux d’Areva, Gemalto, Lafarge, Air Liquide, Schneider Electric, La Poste, SNCF… Chacun présente le ou les dispositifs mis en œuvre. Ce qui fait comme indiqué précédemment la richesse de ce dossier. Cependant il faut bien constater que les éléments exposés sont d’une part à quelques exceptions prés ceux du Knowledge Management des années 2000, l’utilisation de la matrice de Nonaka et Takeuchi de 1995 dans le premier article du dossier en est un bon exemple, et d’autre part que la problématique mise en avant dans le titre de la partie « le KM au cœur de la stratégie d’entreprise » n’est pas traitée.
De fait, il n’y a pas vraiment de bilan de plus de dix années de réalisations concrètes dans le cadre du Knowledge Management et de prise en compte des apports de l’approche de l’Entreprise 2.0. Il y a surtout un renommage « Entreprise 2.0 » des pratiques classiques du Knowledge Management.
Partie 3 : Pratiques et méthodes du KM
Dans cette partie sont rassemblés douze contributions dont notamment les suivantes :
- L’évolution des pratiques ;
- Les cartographies de connaissances ;
- Les communautés de pratiques ;
- Les vidéos minutes et les entretiens d’explicitation ;
- Le développement du networking ;
- Le mentorat 2.0 ;
- Les RSE.
Là aussi de nombreux cas sont présentés comme ceux de Total, Egis, Schneider Electric, GDF SUEZ, La Poste, BNP Paribas… qui font la richesse de ce dossier comme signalé précédemment.
Pour la plupart des cas, les dispositifs présentés sont ceux du Knowledge Management. Il y a ainsi la cartographie des connaissances et les communautés de pratique qui sont présentées en détail.
Concernant les dispositifs qualifiés typiquement de 2.0, il y seulement une présentation des réseaux sociaux d’entreprise qui est réalisée par plusieurs auteurs, chacun à sa manière. Cependant dans les différents exposés il est vraiment difficile d’identifier en quoi les RSE, dispositif classique de l’Entreprise 2.0, apportent un renouvellement de l’approche Knowledge Management usuelle et en particulier le dispositif des communautés de pratique qui en est un grand classique.
Et pourtant, les réseaux sociaux d’entreprise amènent des changements profonds par rapport aux communautés de pratique. Il y a notamment le fait que ce n’est plus le groupe qui est la base des travaux mais l’individu positionné dans l’ensemble de l’organisation avec ses spécificités ainsi que ses relations. Il y aussi le fait que la dynamique humaine des communautés peut en partie être prise en charge par les conversations au sein du RSE et cette virtualisation des échanges en entraine une plus grande rapidité. Dernier point, les communautés de pratique ne sont plus qu’un cas particulier des communautés gérées à coté des groupes de travail ou de projet et des communautés de partage d’information et d’assistance.
Ce point particulier et la mise en avant des apports respectifs du Knowledge Management et de l’Entreprise 2.0 seront approfondis dans un prochain billet du blog de KnowledgeConsult dans la perspective d’en proposer une synthèse constructive pour les organisations en ce début des années 2010.
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