Ce billet est consacré à l’analyse d’un ouvrage sur les réseaux d’échanges réciproques de savoirs (RERS) écrit par Maryannick et Michel VAN DEN ABEELE et publié chez Chronique Sociale en novembre 2011.

Echanges réciproques de savoirs en entreprise – Un réseau au service de l’entreprise responsable

Cet ouvrage est très intéressant car le sujet exposé est original. En effet, cette mécanique d’échange de savoirs a souvent été abordée par les praticiens mais sans faire l’objet d’un exposé aussi complet. Cependant le cas de La Poste qui bien que présenté en différents endroits, n’est pas assez détaillé. De plus, l’ouvrage manque de profondeur dans la mise en perspective des réseaux d’échanges réciproques de savoirs par rapport aux autres dispositifs de partage des savoirs et aux approches usuelles pour les mettre en place, dont notamment la conduite du changement, ce qui le pénalise vraiment.

Le livre fait un peu plus de deux cents pages en incluant les annexes et la bibliographie. Il est découpé en neuf chapitres. L’introduction expose sommairement les principes à la base d’un RERS en général et la manière dont le projet de mise en œuvre du RERS a été réalisé à La Poste Courier ainsi que les résultats atteints qui, il faut bien le noter, semble très positifs.

Il est vraiment paradoxal que dans un ouvrage sur les RERS et en particulier celui de La Poste, qu’il n’y en ait pas une description exhaustive et approfondie dans ses différentes dimensions ainsi que de son outillage logiciel.

Comment créer un RERS ?

Les trois premiers chapitres de l’ouvrage présentent le contexte dans lequel se positionne la création d’un RERS en mettant l’accent sur :

• La responsabilité humaine des entreprises ;
• La nécessité d’avoir une autre vision des ressources humaines et en particulier de son management ;
• L’évolution des modes d’apprentissage à prévoir pour les organisations.

Détailler une vision d’ensemble des entreprises et des ressources humaines ainsi que de leur management est sans doute un peu généraliste pour le sujet de l’ouvrage à moins de considérer que ces chapitres font écho à la notion d’entreprise responsable du titre. Mais alors, est-ce que cela veut dire qu’il n’est-il pas possible de mettre en place des RERS dans d’autres types d’entreprise ?

La mise en avant des différents modes d’apprentissage est très intéressante même si la présentation des solutions à y apporter est limitée. Par exemple, l’apprentissage par le e-learning, les bases de connaissances, l’assistance par les pairs… ne sont pas abordés.

La dynamique d’un RERS

Le quatrième chapitre présente la dynamique d’un RERS par rapport aux savoirs concernés, à ses participants, aux échanges qui peuvent être réalisés et le positionne de manière très synthétique par rapport à la formation traditionnelle et autres dispositifs voisins comme les groupes d’échange de pratiques, le tutorat, les réseaux informels…

Il faut noter que les dispositifs de partage de connaissances comme les communautés de pratique ne sont pas du tout abordés. Ce qui est pour le moins original quand on connait leur déploiement en France et dans le monde anglo-saxon. De plus le Knowledge Management est présenté de manière très rapide comme un moyen d’identifier et de mettre à disposition les savoirs, ce qui est pour le moins réducteur. En effet la gestion des connaissances intègre notamment les approches de collaboration, d’assistance et de formation.  Pour terminer, il n’y a rien sur le positionnement du RERS par rapport aux réseaux sociaux d’entreprise qui sont un sujet d’actualité pour de nombreuses organisations.

Comment mettre en oeuvre un RERS ?

Les cinq derniers chapitres qui fournissent un à un des éléments pour mettre en œuvre de manière réussie un RERS mettent l’accent sur :

• La définition d’outils adaptés au RERS ;
• La prise en compte du contexte managérial ;
• La mise en œuvre d’une communication adaptée ;
• L’évaluation des coûts et des apports ;
• L’animation du dispositif.

La manière d’aborder la mise en œuvre d’un RERS est pour le moins étonnante. La présentation de son animation est située à la fin de l’ouvrage ! De plus la conduite du changement pour son déploiement est abordée sans vue d’ensemble et de manière parcellaire. Cela est fait dans le chapitre sur la communication alors que l’on peut imaginer que la gestion de l’appropriation et de l’utilisation d’un tel dispositif qui est le domaine d’action de cette discipline soit un vrai sujet pour une organisation.

Et vous, quelle utilisation faites-vous du RERS ?

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