Les Réseaux Sociaux d’Entreprise à travers trois ouvrages récents (1/3)

L’année dernière, sont parus trois livres sur les réseaux sociaux et leur mise en œuvre :

• Les réseaux sociaux numériques d’entreprise par Ziryeb MAROUF chez L’Harmattan ;
• Les réseaux sociaux d’entreprise par Anthony PONCIER chez Diateino ;
• Le réseau social d’entreprise par Alain GARNIER et Guy HERVIER chez Hermes Lavoisier.

L’objectif de ces trois billets successifs est de présenter et de faire une analyse de ces trois ouvrages.

Les réseaux sociaux numériques d’entreprise par Ziryeb MAROUF

Ce livre réalisé par Ziryeb MAROUF, responsable RH 2.0 pour France Telecom Orange et fondateur de l’Observatoire des réseaux sociaux d’entreprises, fait un peu plus de cent quatre-vingt pages incluant un glossaire. Il est découpé en treize parties regroupées en trois chapitres.

C’est un ouvrage intéressant parce qu’il donne une vision d’ensemble des réseaux sociaux depuis leur analyse sociologique, ce qui n’est pas courant, jusqu’à la mise en œuvre des outils logiciels correspondants dans les organisations. Cependant il se positionne plus sur le registre de la sensibilisation que de l’approfondissement des différents thèmes qu’il traite.

Une présentation et une analyse détaillée de son contenu sont réalisées ci après, chapitre par chapitre.

L’analyse sociologique des réseaux sociaux

Le premier chapitre « Les réseaux sociaux » présente les réseaux sociaux du point de vue des sciences sociales et les analyses qui en ont été réalisées (sociométrie). Il est divisé en trois parties :

• L’analyse des réseaux sociaux, une méthode sociologique ;
• Théories relatives au monde des réseaux sociaux ;
• Matrices et sociogramme.

Ce premier chapitre est vraiment à noter car la plupart des intervenants et blogueurs autour des réseaux sociaux d’entreprise font comme s’il n’avait jamais existé des travaux abondants sur l’analyse des réseaux sociaux dans les organisations.

Ici, même si la présentation qui en réalisée est limitée, elle est une très bonne introduction à ces travaux. La seule critique qui peut être faite, l’auteur du livre met en garde les lecteurs d’ailleurs, est que l’application d’une partie des méthodes est faite sur les élèves d’une promotion d’ingénieurs. Ce qui ne met certainement pas en avant l’aspect professionnel des réseaux sociaux et des analyses qui peuvent en être faites.

Les différents types de réseaux sociaux

Le second chapitre « Les réseaux sociaux numériques sur Internet » est divisé en trois parties :

• Genèse des Peopleware ou réseaux sociaux numériques ;
• Logiciel libre sur Internet, prémices du Web 2.0 ;
• Description des réseaux sociaux numériques sur Internet.

L’idée de l’auteur est d’expliquer la genèse du Web 2.0 à travers le développement du logiciel libre et des communautés qui se sont créées pour sa production. Ce qui est une approche assez originale.

Concernant les réseaux sociaux numériques sur Internet, l’auteur en distingue trois sortes :

• « profil centric » comme Facebook ou LinkedIn ;
• « content centric » comme Youtube ou Dailymotion ;
• « collaborative centric » comme SharePoint ou Lotus Connections.

Il faut noter qu’à ce dernier niveau la vision des outils logiciels que peut avoir Ziryeb MAROUF semble assez étonnante car qualifier les éditeurs des deux solutions logiciels précédentes d’éditeurs de groupware est pour le moins curieux car cette notion remonte au milieu des années quatre-vingt-dix. Depuis les outils logiciels ont bien évolués. De plus prendre comme exemple de réseau social « collaborative centric » l’extranet de l’Essec fait écho à la remarque précédente à propos de la promotion d’ingénieurs.

La mise en œuvre des RSE

Le troisième chapitre « Les réseaux sociaux numériques en entreprise » est divisé en sept parties :

• L’image employeur à l’épreuve du numérique ;
• L’Entreprise 2.0, les raisons d’agir ;
• Objectifs simples et pertinents de la mise en œuvre d’un réseau social d’entreprise ;
• Quelques règles importantes ;
• Risques et réseaux sociaux ;
• Charte déontologique ;
• L’expérience des focus groups.

A part la première partie, ce chapitre concerne les réseaux sociaux d’entreprise et leur mise en œuvre dans le contexte dit de l’Entreprise 2.0. Celle-ci est pour l’auteur du livre assez classiquement la traduction dans le contexte de l’entreprise des pratiques du Web 2.0. Elle a pour vocation de faciliter le développement de la communication remontante et transversale et de ce fait de permettre une meilleure adhésion des collaborateurs à la stratégie d’entreprise, voire sa co-construction. Dans ce contexte, le réseau social, qui doit être un univers à part plus qu’une application complémentaire, doit permettre la mise en relation des collaborateurs ainsi que de faire émerger des communautés d’intérêt sur la base d’un volontariat.

Par ailleurs, l’auteur du livre identifie quatre risques principaux lors de la mise en œuvre d’un réseau social :

• Contournement des règles institutionnelles ;
• Non utilisation ;
• Perte de productivité ;
• Fracture sociale.

C’est pourquoi selon lui la mise en place d’une Charte déontologique est nécessaire et peut-être même la réalisation d’enquêtes ou de focus groups en préalable au lancement du projet d’implémentation.

Les risques identifiés existent mais ne sont pas les seuls et de ce fait mettre en œuvre un Charte ne peut être suffisant. Il faut aussi déployer une conduite du changement complète adaptée au contexte de l’organisation.

Même si l’auteur base ses réflexions sur la notion d’Entreprise 2.0 qui est plutôt conceptuelle, les éléments qu’il met en avant sont assez pratiques sans pour autant construire une démarche à suivre pour l’implémentation d’un RSE.

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