Espaces de travail collaboratif et plateformes de réseaux sociaux d’entreprise : si loin, si proches !

Les réseaux sociaux d’entreprise (RSE), et les éditeurs de plateformes logicielles associées, ont été largement mis sous le feu des projecteurs par les médias spécialisés durant ces derniers mois. Conséquence inévitable : quiconque propose un logiciel de gestion d’information et de contenus ou de travail collaboratif revendique offrir des fonctionnalités ou l’intégralité d’une plateforme de RSE.

Ainsi, malgré encore la relative étroitesse du marché français, évalué selon les études entre 10 et 15M€ en France, l’offre de logiciels de RSE est plus qu’abondante. Et il est devenu difficile d’avoir une vision claire du positionnement des différents acteurs opérant sur ce marché.

L’objectif de cet article est de fournir des éléments permettant de mieux appréhender la dynamique et les offres de ce marché aux multiples facettes ainsi que les différentes approches des acteurs en présence.

Une proposition de grille de lecture du marché des logiciels de RSE

Un rapide tour d’horizon des fonctionnalités offertes par les principaux logiciels de RSE présents sur le marché permet d’identifier 7 grands blocs fonctionnels schématisés dans la figure suivante.

Le premier bloc fonctionnel « Gestion de l’identité et des liens avec les autres utilisateurs » a pour vocation d’assister les utilisateurs dans la gestion de leur profil (coordonnées, compétences, centres d’intérêts…) mais aussi dans la gestion de leur relation aux autres utilisateurs.

Au centre du schéma se situent trois grands blocs fonctionnels (Discussion, Partage de ressources et Production de contenu) relatifs aux discussions et aux contenus et plus particulièrement à leur création et à leur partage.

Le bloc fonctionnel disposé en bas dans ce schéma concerne la gestion des communautés. Il s’agit de fonctionnalités dédiées à la création, à la gestion et à la coordination des groupes d’utilisateurs formés spontanément ou non.

Enfin, viennent s’ajouter deux fonctions transversales aux cinq. Le premier bloc fonctionnel transversal est dédié à l’organisation et à l’accès de l’ensemble des « objets » présents sur un RSE (publications, profils, communautés, etc.). Tous les logiciels de RSE utilisent le tagging et reposent sur les folksonomies pour organiser et accéder aux contenus, aux profils des utilisateurs, aux communautés… Ces fonctionnalités sont généralement complétées par un moteur de recherche.

Le second bloc transversal concerne la fonction de pilotage avec notamment les statistiques d’utilisation, les tableaux de bord, l’analyse de réseau, etc.

Il ne s’agit pas ici d’être exhaustif quant aux fonctionnalités offertes par les différents logiciels de RSE mais d’avoir une représentation simple sur laquelle s’appuyer pour définir une première grille de lecture de l’offre du marché.

Discussions, partage de ressources ou productions de contenus : ils ont fait un choix

Au cœur du schéma, figurent trois blocs fonctionnels (discussions, partage de ressources et production de contenus) autour desquels de nombreux éditeurs se sont concentrés pour développer leur offre donnant ainsi à leur plateforme une orientation particulière suivant le bloc fonctionnel privilégié.

C’est ainsi que certains acteurs, que l’on peut qualifier de « focalisés » ont privilégiés une de ces trois grandes fonctions, au détriment des deux autres, dans leur approche des réseaux sociaux d’entreprise.

Par exemple des acteurs comme KnowledgePlaza ou Yoolink Pro mettent clairement en avant le partage de ressources.

Pour Dimelo, ce sont les discussions qui sont mises à l’honneur.

Enfin, des acteurs comme Atlassian ou Xwiki s’appuient sur la production de contenus avec leur plateforme de wikis.

Bien entendu, la focalisation d’un éditeur sur une des 3 grandes fonctions de discussions, de partage de ressources et de production de contenus ne signifie pas qu’il ne propose pas des fonctionnalités des deux autres blocs fonctionnels. C’est même bien souvent le contraire. Par contre, ce parti pris de l’éditeur va être très structurant pour les usages possibles de ces solutions en entreprise. Par exemple, les logiciels focalisés sur le partage de ressources vont être parfaitement adaptés pour faire de la veille collaborative ou partager des bonnes pratiques mais plus difficilement utilisables pour de la production documentaire collaborative ou la gestion d’une communauté d’assistance.

Acteurs généralistes : pas de parti pris mais une certaine orientation !

Aux côtés des éditeurs que nous avons qualifiés de « focalisés » se trouvent des acteurs plus « généralistes » qui ont fait le choix de ne pas avoir de parti pris en proposant l’ensemble des 6 blocs fonctionnels sans en privilégier un en particulier. On peut par exemple citer par ordre alphabétique : Bluekiwi, Jalios, JameSpot, Jive, Knowings , SeeMy, SocialText, Yammer, Zyncro… (cette liste n’est pas exhaustive).

Bien entendu, il s’agit là d’une vision volontairement simplifiée d’une réalité bien plus complexe. En effet, la grande majorité de ces acteurs dits « généralistes » le sont devenus au fil du temps en ajoutant toujours plus de fonctionnalités à leur logiciel qui était, pour la grande majorité, initialement « focalisé ». Ainsi, Yammer s’est par exemple fait connaître en étant « le twitter des entreprises » avant de s’enrichir de fonctionnalités plus « généralistes ». De son côté SocialText a débuté en tant que plateforme de wikis. De même certains acteurs du monde du travail collaboratif et de la gestion des connaissances ont ajouté des fonctionnalités sociales. C’est par exemple le cas de Knowings ou de Jalios.

Il ne faut donc pas croire que les acteurs que nous avons qualifiés de « généralistes » sont tous équivalents et proposent une approche unique et convergente de l’implémentation et l’exploitation des réseaux sociaux en entreprise. C’est même le contraire. Par contre, leur positionnement semble issu d’un même constat : les seules fonctionnalités dites sociales (discussions et mise en relation) ont du mal à prouver leur valeur ajoutée sans être couplées à des fonctionnalités permettant de supporter les modes de travail collaboratif des employés.

Du web à l’entreprise : un long chemin

Et c’est d’ailleurs sur ce point que semblent s’affronter deux visions radicalement opposées des logiciels de réseaux sociaux d’entreprise et de leur implémentation.

La première vision est portée par des éditeurs qui ne souhaitent surtout pas rentrer dans ce qu’ils appellent la course aux fonctionnalités en offrant des logiciels épurés. C’est par exemple le cas de la société Enlightn. Ces acteurs font le pari qu’il suffit de décliner les fonctionnalités des réseaux sociaux issus du web, avec quelques aménagements à la marge, pour que les collaborateurs reproduisent en interne avec leurs collègues ce qu’ils ont l’habitude de faire sur le web avec leurs amis et contacts (aux thèmes des discussions et des contenus près). Pour réussir à s’imposer, cette vision devra s’appuyer sur des logiciels ouverts et flexibles pour que ces derniers puissent s’intégrer aux systèmes d’information existants et aux logiciels métiers en particulier.

La seconde vision est portée par des éditeurs qui font évoluer leur logiciel de RSE vers plus de fonctionnalités de travail collaboratif comme par exemple SeeMy ou JameSpot pour ne citer qu’eux. Ces acteurs sont convaincus que pour réussir l’implémentation d’un RSE en entreprise, il n’est pas possible de faire abstraction des modes de travail collaboratif aujourd’hui bien ancrés dans les processus métiers des organisations.

Au final, au delà des partis pris fonctionnels des logiciels, c’est bien la vision que les éditeurs ont de l’implémentation des réseaux sociaux en entreprise qui est la plus déterminante pour comprendre le marché des RSE !

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Gilles BALMISSE

Gilles BALMISSE a travaillé dans des départements R&D et veille technologique de grands groupes bancaires où il a accompagné des départements et des filiales dans l’introduction de nouvelles technologies liées au travail collaboratif, au traitement automatique du langage et à la veille dans leur organisation. Au sein de KnowledgeConsult il a participé à de nombreux projets de mise en œuvre de dispositifs de travail collaboratif, de veille et de gestion des connaissances dans des grands groupes internationaux industriels et de services. Il a une vision opérationnelle et une connaissance pratique des enjeux organisationnelles et technologiques inhérents à la mise en œuvre de ces dispositifs. Par ailleurs, Gilles Balmisse intervient régulièrement dans des conférences et séminaires. Il est également chargé d’enseignements sur la veille, les outils de gestion des connaissances, le web 2.0 et les systèmes d’information en France et en Suisse. Il est enfin l’auteur de nombreuses publications et plus particulièrement de 5 livres dont notamment Du Web 2.0 à l'entreprise et Guide des outils du KM.

2 Comments to “Espaces de travail collaboratif et plateformes de réseaux sociaux d’entreprise : si loin, si proches !”

  1. Alain Garnier dit :

    Merci Gilles pour ce post qui éclaire bien la situation du RSE en 2012. Le schéma est très éclairant sur les grands blocs fonctionnels proposés par un RSE.

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